Poème d’amour

Quand tes yeux se posent sur moi, j’ai l’impression de fondre comme une guimauve que l’on grille sur la braise. Tes rires sont autant d’étincelles destinées à nourrir mon feu intérieur que tes bisous ne cessent d’alimenter par leur douceur. Tes éclats de rires sont une douce mélodie à mes oreilles. Ils font battre mon coeur, sourire mes lèvres et provoquent une envolée de papillons dans mon estomac.

Tes mains me font frissonner par leur caresses incessantes. Tu arrives à me faire cesser toutes activités juste en me frôlant et ma respiration se saccade pour ne pas brouiller les influx nerveux que tu infliges à mon épiderme. Le contact de notre peau déclenche une douce euphorie phéromonale.

Je n’aurai pas assez d’une vie pour sentir chaque pore de ta peau. Ton odeur me soûle, la douceur de ta peau me chavire, celle de tes lèvres me renverse. Quand ton regard se pose sur moi, j’ai l’impression d’être une petite perle précieuse que tu ne peux t’empêcher de dévorer des yeux. Dans un simple échange de regard je vois tout l’amour que tu me portes, je vois ton désir sans cesse grandissant, j’y vois une admiration sans fin, j’y vois le reflet de ma propre passion.

Tu es le petit morceau de casse-tête que je cherchais depuis longtemps, celui qui rend l’image si belle que j’ai peur qu’elle ne se brise. J’ai envie de prendre soin de toi, de te prouver par mes caresses, mes bisous, ma douceur que tu es, toi aussi, ma perle précieuse.

Système de « malade »

A stethoscope in front of medical

A stethoscope in front of medical

Voilà trois ans et demi que je travaille à l’hôpital. Je ne suis ni médecin, ni infirmière, ni préposé, je fais partie de ceux que nous appelons (affectueusement?) les fonctionnaires. Nous ne sauvons pas de vie à proprement parlé. Nous ne touchons pas aux patients, nous ne les manipulons pas non plus, pour certaines nous ne les voyons même pas. Mais je sais une chose : si nous n’étions pas là, beaucoup de patients n’auraient jamais vu l’ombre d’une blouse blanche!

Il y a trois ans j’entrais par les grandes portes coulissantes d’une institution médicale immense. Je n’avais aucune attente, je ne réalisais que mon rêve de travailler à cet endroit. Encore aujourd’hui il m’arrive parfois d’avoir cette bouffée de fierté qui m’envahit lorsque je foule le plancher de mon hôpital.

Les choses ont bien changées en trois ans. Le système lui ne s’est malheureusement pas amélioré. Cette année je l’ai trouvée particulièrement difficile. Les patients sont nombreux, plus qu’à mon arrivée du moins. Le nombre de patients à accueillir par quart de travail a plus que doublé. Les téléphones ne dérougissent désormais plus de la journée. Et les patients sont de moins en moins patients justement!

Il y a trois ans, jamais je n’aurais cru pleurer avec une patiente au téléphone. Il y a trois ans, j’étais naïve, enthousiaste, confiante en l’avenir. Il y a trois ans je ne me faisais pas traiter comme une moins que rien parce que j’avais les mains liées par un système de santé défaillant.

Le gouvernement coupe et coupe et coupe et coupe sans se rendre compte que le personnel est à bout de souffle, les patients sont à bout de souffle, le système lui-même est à bout de souffle. Qui paie la note pour toutes ces coupures? Le patient! C’est lui qui souffre, c’est lui qui doit attendre des mois sur une liste d’attente qui ne se vide qu’au compte-goutte, c’est lui qui doit faire des pieds et des mains pour réussir à voir un médecin alors qu’il pourrait garder ses énergies pour se guérir. C’est ce même patient qui m’appelle en pleurs parce qu’il n’en peut plus de la douleur, parce qu’il a peur…

Il y a trois ans, donner un rendez-vous avec un retard de deux ou trois semaines ça m’angoissait parce que le délai demandé n’était pas respecté. Aujourd’hui, je soupire de soulagement lorsque j’arrive à leur donner un rendez-vous sans embûches.

Par ce billet, je ne cherche pas d’empathie face à mon travail. Je ne fais pas pitié, j’adore mon métier même si je le trouve ingrat par moment. Je m’efforce chaque jour de faire le petit pas de plus qui redonnera le sourire à mes patients, qui les aidera dans leur parcours hospitalier. Non je ne les soigne pas, mais je travaille fort pour leur garantir un suivi médical adéquat, tout comme mes collègues.

Par ce billet, j’ignore ce que je cherche en fait. J’espérais juste partager un peu de mon quotidien avec vous. Si ça pouvait toucher des gens au pouvoir ne serait-ce qu’un peu, peut-être y aurait-il des changements? Parce qu’on ne sait jamais quand nous en aurons besoin de cette grosse machine médicale, vaudrait peut-être mieux qu’elle soit remise sur pied, non?

Serrement de coeur

Un serrement de coeur se caractérise par l’oppression soudaine de la cage thoracique entraînant momentanément une chaleur intense au niveau du plexus solaire. L’intense émotion ressentie peut provoquer une tristesse soudaine, voir même une urgente envie de pleurer. Dans les deux cas, vous devrez vous efforcer de continuer vos activités comme si de rien n’était au risque de vous attirer de curieux regards ou d’incessantes questions.

Après bientôt sept ans, je ne me suis toujours pas habituée à ces montées soudaines d’émotions. Tout comme je ne maîtrise pas encore l’art de respirer par le nez lorsqu’un des Cornus est malade. Je sais pourtant ce que c’est que d’engorger le système, mais c’est plus fort que moi. Mon médecin de famille est d’ailleurs une soie avec moi chaque fois qu’on se croise, elle tente toujours de me rassurer sur les symptômes bénins et normaux lors d’une infection. Je ne remercierai jamais assez le ciel de l’avoir mis sur ma route elle!

Dans moins d’un mois il aurait eu 8 ans… Wow! Il serait un magnifique garçon de 2e année. Il pourrait me lire ses livres d’histoires et m’écrire des millions de « je t’aime maman! » avec fierté. Il lasserait ses chaussures seul, il compterait jusqu’à 100 sans se tromper, il me dessinerait des fleurs, des robots, des voitures et des coeurs. Et même s’il ne savait pas faire tout ça, je ne m’en formaliserais pas outre mesure parce que il serait là.

Sept ans, c’est long et si court à la fois. J’entends encore l’heure de son décès prononcée d’une voix chevrotante. 12h37! J’entends toujours raisonner ma longue plainte incontrôlable, comme si c’était quelqu’un d’autre qui l’avait poussé. Quand je ferme les yeux, je le revois sur sa trop grande civière, yeux clos, ses petits cheveux roux tout écrasés. Je me souviens avoir voulu les recoiffer. Je me souviens avoir voulu tout arracher : les fils, les tuyaux, les aiguilles, tout! Je ne voulais que le serrer dans mes bras, le bercer, l’embrasser, le caresser le plus longtemps possible.

Je leur en veux de lui avoir fait mal. J’ai un serrement si fort lorsque je croise certains des gens qui étaient présents; eux ne se souviennent pas, moi si. La brûlure est parfois si vive que j’en perds le souffle et malgré tout, certains jours, j’arrive à tout de même sourire. Le reste du temps je ravale, je cherche le soleil et les nuages des yeux, je cours à ma voiture et j’éclate dans le silence des portes closes.

Je me suis longtemps demandé comment j’avais fait pour survivre à son départ. Je crois qu’il me donne la force de continuer d’avancer. Il m’a appris à m’ouvrir aux autres, à remarquer leur fardeau, à leur sourire si joliment que ça leur apporte une petite douceur dans leur journée grise. Grâce à lui je suis devenue une meilleure personne, une meilleure mère, une meilleure amie.

J’espère que de son nuage il est fier de sa maman, fier de sa fratrie et qu’il veille sur nous.

 

Rétrospection 2015

Une bien drôle d’année s’est terminée hier alors que je visionnais un film d’horreur bien agrippée au bras de l’ami qui me recevait. Minuit a sonné doucement sans que je m’en aperçoive, sans décompte, sans fébrilité, sans cheers; juste le temps qui passe agréablement.

Elle commençait pourtant dans l’angoisse cette année 2015. Arrêt de travail, épuisement professionnel et personnel (tout le monde sait qu’on ne peut pas prendre un break de sa vie, alors on coupe sur le reste), anxiété au plafond. Bref janvier 2015 fut tout sauf salvateur pour ma santé mentale.

Retour au travail, amour naissant, St-Valentin torride, février a été marquant! Je ne remercierai jamais assez cet homme qui m’a réanimé sans le savoir. Mon coeur battait si faiblement que je ne me rendais même plus compte qu’il pouvait servir encore à aimer. J’espérais pouvoir profiter de lui encore longtemps, mais la vie s’en foutait ce n’est pas ça qu’elle avait prévu elle, nos chemins ne se recroiseraient que plus tard.

Mars avec sa relâche, sa neige qui ne fond pas et l’absence totale de choses palpitantes à raconter me laisse le temps de réfléchir, de profiter des gens qui m’entourent et du moment présent.

L’espoir renaît en avril alors que l’énergie est de retour. Le soleil brille plus souvent, mon coeur ne s’emballe plus, mais il bat plus que jamais! Je sens pourtant une vague s’en venir. Je la vois de loin, c’est pire que tout ce que j’ai vu jusqu’à date. J’ai peur, mais je sais que je ne pourrai l’éviter. Mon petit biscuit me manque et ça fait mal!

La tempête frappe un dimanche matin de mai. J’hyperventile, je panique, je ne sais plus quoi faire, de drôles d’idées me traversent l’esprit, je texte M. Janvier à la rescousse! Dieu merci il a répondu à mon message de détresse. Il m’amène marcher près du lac, le soleil me fait du bien à l’âme. Cette après-midi ponctua notre relation d’un point final. Sa mission : me soutenir à ce moment précis. Il pouvait désormais s’en aller, j’allais être capable de poursuivre ma route.

37 printemps se sont écoulés depuis mon premier souffle. Ça passe vite la vie, je n’en ai pas profité autant que je le voudrais. Je ressens une urgence vive de réaliser certains rêves. Je continue de croiser quelques danseurs (voir billet précédent), mais rien de sérieux. Je commence à croire que mon danseur étoile n’est pas né?! Pas grave, j’ai de merveilleuses amies qui mettre du soleil dans ma vie et dans celle de mes Cornus y’a-t-il vraiment quelque chose de plus important?

Juillet… trop chaud! Je déteste les canicules, je suis fatiguée, ça sent le congé forcé encore une fois. Je me bats pour garder la tête hors de l’eau, heureusement l’ex est là pour me donner un coup de main avec le congé scolaire. On arrive à s’en sortir à deux, mieux que lorsqu’on était ensemble on dirait! Je me gâte en réservant dans un tout inclus à Cuba, je verrai enfin la mer pour la première fois. Je ne peux pas croire que je devrai attendre 2 mois avant le départ.

Août rime avec amour… ou pas! 2 idylles qui font mal, plus que je ne l’aurais cru. Il est temps de ranger mes chaussures de danses, car visiblement mes orteils n’en peuvent plus de se faire sans cesse écraser. La rentrée scolaire occupe tout mon temps, le secondaire ouvre ses portes à ma belle grande Cornue au même moment où bébé Cornu franchit celle de la maternelle. Résultat : maman veut brailler sa vie tellement ils sont cute! La vie va trop vite, je peine à tout capter, on dirait qu’il m’en manque des bouts!

Septembre, enfin tu es là! Je n’ai que Cuba et les vacances en tête. Je fréquente un danseur sportif, mais rapidement je vois qu’il n’y aura rien de sérieux à retirer de cette relation. Et vous savez quoi? Ça ne me dérange même pas. Je pars la tête vide de tout tracas pour une semaine! Je n’avais juste pas prévu qu’un petit danseur se faufilerait dans mes pensées entre-temps. Une semaine merveilleuse démarre l’automne!

Début octobre je reviens requinquée, bronzée, la tête remplie de souvenirs turquoises et éblouissants. Juste une envie : repartir aussitôt revenue! Je rencontre finalement le petit danseur agile, il semble tellement ce que je recherche. Il est merveilleux avec les enfants, avec moi. Il a juste un gros défaut : ses amiEs prennent beaucoup trop de place, tellement de place que je n’arrive pas à trouver la mienne. Il me fait de plus en plus penser à l’ex. Le naturel semble revenir au galop, son écoute, son attention, sa disponibilité n’était que du tape à l’oeil.

Novembre sonne le glas sur notre relation. Le mois des morts n’a jamais pris autant son sens alors que notre amour meurt subitement un mardi soir. Il prend l’odieuse décision, mais la mienne n’aurait su tardé je lui avais quand même donné un ultimatum la semaine précédente. Grosse déception! Je fais un virage à 360, ça suffit les mauvais patterns! Changement drastique dans toutes les sphères de ma vie. Les Cornus ne savent plus trop comment prendre les nouvelles consignes de maman, mais ils s’y adaptent comme des champions. Je remets de l’ordre dans ma vie et je recommence à avancer.

Fébrilité résumerait bien le mois de décembre. Je suis hyper angoissée pour des riens, je me claque une belle crise de panique au travail. Ni vu ni connu j’arrive à contenir mes larmes et mes tremblements pour continuer d’accueillir les patients. Une amie me donne la poussée qui me manquait pour consulter : quel beau cadeau! Une première rencontre charnière avec mon thérapeute me convainc que j’ai fait le bon choix.

Un surprenant Jedi croise ma route mi-décembre. Il me prend carrément par surprise avec ses petits yeux doux. Serait-ce ce qu’on appelle un coup de foudre? L’avenir nous dira si nous continuerons d’avancer dans la même direction, reste que j’aime bien me sentir en sécurité lorsque j’écoute un film d’horreur.

MmeCornue ne sait pas valser

Non, je vous le dis, la Mme ne sait pas valser. Elle piétine sur place, écrase des orteils, bouscule, se reprend, mais ne suit pas le rythme. Elle ne sait jamais si elle doit tournoyer rapidement ou plus lentement, si elle doit mener la danse ou se laisser guider, bref les valses du coeur l’épuisent!

Après presque trois ans de célibat bien mérité, la Mme se sentait prête à reprendre la danse. Elle commença tout d’abord avec quelques déhanchements, quelques pas timides, puis se laissa aller sur les notes effrénées des musiques entraînantes. Rapidement elle remarqua son incapacité à suivre les autres. Pas qu’elle tenait à essayer tous les partenaires qu’elle croisait. Non! Mais elle espérait tout de même trouver celui qui la ferait tournoyer de bonheur.

La mission s’avéra beaucoup plus difficile qu’il n’y paraissait. Son coeur enthousiaste ne lui laissait aucune chance! Il l’entraînait avec les mauvais danseurs, repoussait les plus attentionnés, apeurait les plus fragiles. Bref, MmeCornue ignorait maintenant comme s’y prendre pour suivre le rythme. Les temps avaient changés et visiblement la musique aussi. La valse ne se dansait plus de la même façon. Les orteils et les coeurs ayant été trop souvent blessés terrorissaient les danseurs intéressés.

MmeCornue ne pouvait que les comprendre craignant elle-même les blessures. Elle se surprit, malgré les déceptions, à sourire à l’écoute d’une chanson qu’elle aimait particulièrement. Elle remarqua que les solos la rendaient heureuse, même si la valse lui manquait beaucoup. Il fallait bien qu’elle se rende à l’évidence : le temps demeurait le seul maître du rythme, lui seul lui permettrait de croiser son danseur étoile.

La peur

IMG_2701(2) La peur, celle qui nous fait paniquer à la simple apparition d’un degré de fièvre. La peur viscérale qui nous paralyse, nous assomme, nous empêche de respirer à pleine capacité. Une peur bleue qui étrangle, qui fait monter en nous un énorme sanglot douloureux. Une terreur si grande qu’on se demande comment il est possible de survivre à tout ça.

Ça marque profondément la peur, ça laisse des traces. Ça provoque de drôles de réactions de celles incrontrôlables qui nous obligent à refuser le partage de la douceur de notre bébé. Ça écorche la confiance qu’on a en les autres : conjoint, famille, ami(es), médecins…

Malgré tout ce temps passé, je me surprends souvent à angoisser à cause des microbes de sa fratrie. Je prie chaque soir pour ne plus jamais avoir à vivre ça. Je pose régulièrement mes orteils au bord du précipice de la panique pour une rue déserte traversée en courant. Je suis terrorisée à l’idée de les laisser seuls 2 minutes lorsqu’ils sont malades tout à coup il arrive quelque chose et que je brille par mon absence?!

Quand nos épaules supportent tout ce poids, il faut sans cesse se raisonner pour ne pas craquer. Le cerveau nous surchauffe souvent en grande partie à cause des idées qui jaillissent du sentiment de peur constante qui nous habite. J’ai remarqué que l’angoisse nait après le raz-de-marée. La vague émotionnelle l’amène inévitablement avec elle.

Puis y’a la crainte de ne pas avoir pris suffisamment de temps pour te pleurer, pour me rouler en boule avec un seul but ne pas mourir de douleur. J’ai peur de craquer, d’éclater, d’éparpiller mes petits morceaux si loin qu’il me faudra un temps fou pour les retrouver, ou pire qu’il m’en manquera pour me souvenir de toi. La peur me rend possessive de tout ce qui t’appartient, de chaque minutes passées avec toi. Je conserve jalousement dans ma mémoire tes derniers instants de vie. La peur d’oublier, de me déposséder en partageant ces bribes de souvenirs me retiennent de parler de toi, de me libérer de tes yeux que j’ai vu se vider.

La peur fait désormais partie de moi, je dois la trimballer partout où je vais. Elle enflamme mon coeur de colère lorsque je suis témoin de stupidité parentale, elle me pousse à m’améliorer pour ne plus jamais regretter…

Le temps passe…

Le temps, celui qui passe, celui invisible, celui qui ne change rien. Ce temps si précieux qui ne dure que l’instant d’une seconde, mais qui nous laisse croire à un avenir meilleur. Le temps éphémère d’un battement de cils, du battement d’ailes d’un papillon à l’autre bout de la Terre, d’un bisou doux donné du bout des lèvres. Le temps…

Six années d’absence, c’est long et si court à la fois. Le sablier s’égrène trop vite, trop lentement, il suspend ses grains le temps du raz-de-marée, puis reprend son rythme effréné. L’aiguille de l’horloge a fait des milliers de tours depuis ton départ, mais la peine demeure aussi vive. Deux médiums pour calculer le temps, deux outils qui me rappellent seulement que je dois profiter de chaque instant.

La vie est beaucoup plus douce avec nous ces dernières années. Le bonheur je l’ai atteint pour toi mon beau Biscuit d’amour. Je me fais un devoir de le poursuivre chaque fois que l’impression de le perdre me revient. Il le faut! Tu me pousses à avancer, à saisir chaque seconde de ce précieux temps qui nous a manqué. Je lui en veux. J’aurais donné des milliers de secondes pour que tu puisses en avoir plus. J’aurais suspendu ce foutu temps qui passe pour avoir le bonheur de te voir grandir…

Ce temps qui passe et qui n’allège rien. Ce temps qui m’apprend seulement à mieux vivre sans toi, à mieux retenir les vagues. Elles sont moins nombreuses, mais plus dévastatrices, colossales je dirais même. Première fois cette année que j’ai du sortir ta boîte. Je cherchais désespérément ton odeur de biscuit, en vain. Je me suis blotti dans ta couverture, dans ton dernier pyjama tout découpé et j’ai pleuré. Je pardonne un peu plus chaque fois, mais je n’oublierai jamais.

La colère est revenue me hanter. Je croyais naïvement l’avoir balayé du revers. Mais l’envie de frapper, de crier ma douleur, d’évacuer le trop plein s’est fait sentir. Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? J’ignore la réponse, je n’en cherche plus, car c’est inutile. Je suis abasourdie par la douleur sans trop savoir quoi faire, alors j’écris, je t’écris.

Je remonte ensuite la pente et je repars. Je suis intense dans tout ce que je fais. Je ralentis pour écouter mon corps qui se fatigue plus vite que ma tête, pour mieux redémarrer en trombe. Je goûte la vie que tu n’auras jamais. Je goûte à toutes les émotions qui traversent notre chemin en espérant que tu me regardes d’en haut et que tu puisses en percevoir toute l’essence.

Carpe Diem disait Horace dans un de ces poèmes :  » Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain. » Même avant de te connaître je faisais de cette maxime une priorité. Ne jamais avoir de regrets sur mon lit de mort, le seul sera de ne pas avoir eu plus de temps avec toi.

Petit Biscuit Roux